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Coronavirus. Le prêt de salariés entre entreprises, un échange de bons procédés

La crise du coronavirus chamboule les effectifs. La plupart des entreprises tournent au ralenti mais certaines manquent de bras. Peu connu, le prêt de main-d’œuvre s’est développé ces derniers jours.

Prêter ses salariés à l‘entreprise voisine plutôt que de recourir au chômage partiel. L’idée n’est pas nouvelle, mais elle prend aujourd’hui tout son sens. Le virus a ralenti, voire stoppé, l’activité de centaines de milliers de sociétés et mit leurs employés sur le banc de touche. Une poignée de secteurs sont, à l’inverse, en sous-effectifs. Alors, pourquoi ne pas faire un échange de bon procédé ?

Des centaines de chauffeurs routiers volontaires

Le secteur du transport routier a pris les devants en lançant une Bourse d’échange de personnel. La plateforme, baptisée Transport Solidaire, est disponible depuis le 27 mars 2020. En quelques jours, plus de 400 salariés, des chauffeurs poids lourds pour la plupart, ont été mis à disposition pour d’éventuelles missions temporaires. Le transport de pièces automobiles est à l’arrêt, tandis que l’agroalimentaire est sous tension. Les qualifications sont les mêmes, autant en profiter, s’enthousiasme Éric Godefroy, délégué régional de l’AFT Bretagne, qui regroupe des entreprises du secteur. Pour l’heure, l’offre excède largement la demande. Mais pour les quelques chauffeurs réaffectés, c’est un moyen de conserver leur rémunération en échappant au chômage partiel.

« On apprécie la démarche »

La start-up Laponi, qui se positionne sur ce créneau, est particulièrement sollicitée depuis le début du confinement. Parmi ses clients, l’enseigne alimentaire Franprix. L’absentéisme grandissait à vue d’œil dans les magasins, alors il a fallu trouver une solution rapidement, y compris pour des postes qualifiés, rapporte Jonathan Goldfarb, directeur du recrutement chez Franprix. Différentes enseignes de prêt-à-porter et de produits électroniques ont répondu présentes, et accepté de prêter leurs managers pour pallier l’absence des directeurs de magasins. C’est un bel élan, on apprécie la démarche, ajoute-t-il.

À Angers, deux mécaniciens et deux managers du constructeur de poids lourds Scania sont venus renforcer les équipes de Kolmi-Hopen, leader de la fabrication de masques médicaux et FFP2. Une aide qui n’est pas de refus, alors que l’usine participe à l’effort de guerre.

La solution semble idéale. D’un côté, l’entreprise prêteuse mobilise les compétences de ses employés et évite de recourir au chômage partiel. De l’autre, l’entreprise qui reçoit déniche des profils bien spécifiques et échappe au coefficient de facturation de l’intérim.

Pas si évident

Mais si la pratique n’est pas plus répandue, c’est qu’elle reste très encadrée et relativement complexe. Le prêt de main-d’œuvre repose sur le volontariat. L’entreprise prêteuse ne peut en retirer aucun bénéfice, c’est une opération à but non lucratif. La mise à disposition du salarié doit avoir un début et une fin, sinon gare aux demandes de requalification, égrène Judith Bouhana, avocate spécialiste en droit du travail.

La gouvernent incite le prêt de salariés

Le ministère du Travail encourage la démarche. Jeudi 2 avril, il a mis en ligne des modèles simplifiés de convention et d’avenants au contrat de travail du salarié. Pendant cette période, les salariés inoccupés qui le souhaitent, peuvent travailler provisoirement dans une entreprise confrontée à un manque de personnel. Il s’agit d’une mise à disposition temporaire qui suppose l’accord du salarié et des deux entreprises. Le salarié conserve son contrat de travail et 100 % de son salaire habituel, versé par son employeur d’origine. L’entreprise qui l’accueille temporairement rembourse ce salaire à l’entreprise d’origine, détaille le ministère sur son site.

 

Ouest-France
Julia TOUSSAINT
Publié le 02/04/2020 à 18h30
https://www.ouest-france.fr/economie/coronavirus-le-pret-de-salaries-entre-entreprises-un-echange-de-bons-procedes-6798618

 

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